Nick Healy a tout gagné, ou presque. Champion du monde Elite avec la Nouvelle-Zélande en 2018 pour sa première participation, ce grand gaillard d’1m94 pour plus de 90kg fait les beaux jours du pays du long nuage blanc. D’un délire entre amis aux médailles et aux titres, itinéraire d’un Kiwi sacré, oui, mais aussi capitaine maudit.
Les meilleures décisions sont parfois les plus inattendues. Lors de la rentrée scolaire de 2009, Nick, âgé de 11 ans, doit choisir le sport qu’il pratiquera tout au long de l’année. Alors que ses amis et lui allaient choisir le water-polo, les étudiants du Scots College de Wellington furent intrigués par un autre sport qui se joue aussi en piscine : le hockey subaquatique. “C’était si bizarre que ça nous a donné envie d’essayer.” Les six amis se prennent de passion pour cette activité. Si bien qu’aujourd’hui, seul l’un d’entre eux ne la pratique plus. Avec leur école, Nick et son groupe de potes ont participé à deux championnats interscolaires sans jamais réussir à s’imposer. Lors de leur première participation Nick a même été fautif lors des demi-finales et a coûté la qualification à son équipe. “J’ai fait une énorme erreur qui a permis à l’équipe adverse de marquer le but en or. Mon coach était furieux, j’avais envie de me cacher.” Ces deux premières années sans médaille ni trophée n’ont cependant pas eu raison de son désir de pratiquer un sport qu’il définit lui-même comme une “drogue”. Vivant dans la banlieue d’Eastbourne, Nick a pu bénéficier du soutien indéfectible de ses parents qui pouvaient parcourir jusqu’à une heure de trajet quasi quotidien pour l’emmener s’entraîner et prendre sa dose de hockey sub’.
C’est en 2011 que la jeune carrière de Nick prend un premier tournant. Désormais étudiant au Wellington College, il y rencontre son premier “mentor” : L’international Elite néo-zélandais, Richard Maxwell. Il fut une telle source d’inspiration pour Nick que ce dernier refusa de suivre ses amis au club de Phoenix pour rejoindre les Crocodylus de Richard. Le début d’une cascade de succès pour Nick, même si la frustration finira par le guetter.
Le capitaine maudit
“Je me rappelle m’être inscrit et m’être dit que j’allais abandonner dans 3 ou 4 semaines donc si on m’avait dit que j’allais jouer pour la Nouvelle-Zélande et voyager autour du monde je t’aurais ris au nez!” Et pourtant, Nick a voyagé et des titres, il en a remportés. Sept championnats nationaux avec son club, un championnat inter-écoles avec Wellington où il aura même marqué en finale, il a également remporté le championnat du monde U23 avec la sélection néo-zélandaise à seulement 16 ans et surtout l’Elite en 2018 à 22 ans. Et pourtant, le sentiment qui prédomine, c’est l’insatisfaction. Celle du capitaine. “Je n’ai jamais réussi à mener une équipe au titre. C’est comme une malédiction qui me hante.” Il a été deux fois capitaine de son école en 2012 et 2013 pour deux défaites 2-1 en finale face à ses amis restés au Scots College.
Des potes qui ne manquent évidemment pas de le chambrer encore aujourd’hui en disant qu’il aurait mieux fait de rester avec eux. Nick a également été deux fois capitaine de l’équipe nationale U24 lors des mondiaux 2015 et 2019 pour deux médailles de bronze. Il s’est longtemps complaît dans son rôle de soldat respectueux des ordres et reconnaît avoir eu des difficultés à s’affirmer en tant que leader. Désormais exclusivement joueur Elite où il a retrouvé son mentor Richard Maxwell, il n’est plus le capitaine de l’équipe, logique pour son jeune âge. Nick essaye malgré tout de créer une émulation au sein du groupe néo-zélandais dans le but de conserver le Graal mondial. Il avertit principalement ses coéquipiers sur la progression d’adversaires coriaces comme la Turquie, bête noire des Kiwis en catégorie jeunes. Capitaine pas encore, mais il s’affirme, c’est une certitude. En plus de son parcours de joueur, Nick est également entraîneur d’une équipe de jeunes dans son école depuis un an et demi. De quoi travailler encore un peu plus son leadership et transmettre sa grande expérience pour son jeune âge à la nouvelle génération.