Felipe Diaz, sélectionneur de l’équipe Elite féminine de Colombie depuis 2010, est revenu sur sa sélection pour le championnat du monde 2023 en Australie. Le sélectionneur colombien revient sur son effectif et ses ambitions pour ce tournoi.
Vous avez choisi trois joueuses présentes dans l’équipe U24 à Sheffield en 2019 (Manuela Calle, Michelle Herrera, Laura Arboleda). Pourquoi seulement trois et pourquoi ces trois-là ?
Six joueuses qui faisaient partie de l’équipe à Sheffield se sont présentées. Trois ont été conservées dans le groupe des sélectionnées, dont une en tant que réserviste. Elles sont sélectionnées par rapport à leur niveau ainsi que pour ce qu’elles proposent dans le jeu. Depuis 2013 jusqu’à maintenant, on a fait en sorte que les joueuses comprennent qu’elles peuvent avoir plusieurs rôles et différentes options. Des joueuses comme Laura ou Manuela ainsi que d’autres joueuses avec beaucoup d’expérience ont la capacité d’effectuer des rôles différents bien qu’elles soient spécialisées dans un poste précis.
Certaines joueuses sont présentes en Elite depuis le championnat du monde 2013. Est-ce important pour vous de conserver cette base ?
Nous avons une base que j’entraîne au sein du Club Cardumen depuis 2010, avec des joueuses comme Natalia Buriticá, Ana Lucia Guevara, Nataly Valencia qui ont remporté la première médaille pour la Colombie en 2008 en Afrique du Sud (2e en Junior). Elles font partie des joueuses avec une expérience importante comme Laura Sofia Moreno et Natalia Perez Doncel qui sont les joueuses les plus âgées et les plus expérimentées de notre équipe. De plus, ce sont des joueuses qui évoluent dans le même club. C’est très important pour moi d’avoir une base avec une même méthodologie de travail, elles ont fait du chemin avec moi et elles s’identifient avec le style de jeu que nous proposons.
La profondeur de la piscine est de deux mètres en Australie. Qu’est-ce que cela va changer pour votre style de jeu ?
Il est évident que la profondeur change le jeu. En Colombie, nous avons une piscine d’une profondeur de trois mètres et moi, je préfère ce hockey parce que dans un bassin de trois mètres, on peut le diviser en trois parties. La zone de jeu qui s’étend sur plus ou moins un mètre, une zone dans laquelle les joueuses peuvent se déplacer et faire les transitions, puis la dernière zone dans laquelle on récupère et on rentre à nouveau dans l’eau. Dans une piscine de deux mètres, la zone de déplacement et de transition disparaît et c’est un bassin qui contient seulement deux parties avec la zone de jeu et celle à la sortie de l’eau. Du coup, c’est un hockey beaucoup plus rapide, car on rentre directement dans le jeu une fois la tête sous l’eau et beaucoup plus de bulles donc une visibilité qui va se réduire. Nous avons donc commencé à nous entraîner dans une piscine de deux mètres de profondeur pour voir comment notre style de jeu doit changer avec cette profondeur. On essaie de s’adapter, car nous savons qu’il y aura moins d’espace, plus de bulles, plus de pression, qu’il faudra se déplacer avec plus de vitesse et faire des pauses à des moments précis. On devra utiliser d’autres alternatives, car nous n’aurons plus autant d’espace.
Quel est l’objectif de la sélection colombienne dans ce championnat du monde ?
En étant réaliste et par rapport à notre histoire, je pense que nous arrivons à un moment où l’on peut croire au titre de champion du monde. Cela fait treize ans que j’entraîne la sélection colombienne. En 2013, nous terminons cinquièmes au classement en Hongrie, quatrième en Afrique du Sud en 2016, et troisième à Québec en 2018. Je pense que nous sommes arrivés à maturité autant stratégiquement, que techniquement et tactiquement. Et pour moi avant tout, la base du sport, plus spécialement dans ma manière de travailler, c’est la partie mentale. Nous sommes plus forts mentalement, le groupe est plus unis et je pense qu’il est temps d’approcher de plus près cet objectif de champion du monde. Nous continuons de travailler jour après jour sans perdre de vue l’objectif, cependant sans en être obsédé. Nous voulons y aller étape par étape tout en prenant du plaisir.