On peut être le pays le plus peuplé du monde et ne pas tout connaître. La Chine et ses plus d’1,4 milliards d’habitants reste un pays en développement en matière de hockey subaquatique. Plongeons-nous dans l’histoire de cette nation, entre genèse étrangère et quête de reconnaissance.
En 2021, le club des Shanghai Azures a fêté ses dix ans autour d’un entretien vidéo. Parmi les participants, Alice Chong, représentante de Singapour à la CMAS et co-créatrice du club et Antony Turpin, français expatrié en Chine, membre de l’équipe depuis ses balbutiements. “On était essentiellement des étrangers au départ” se souvient-il. Shanghai est le deuxième club à avoir vu le jour en Chine après celui de Chengdu, un an plus tôt. Ville la plus peuplée du pays, la mégapole shanghaïenne comporte des centaines de piscines. Cependant, pour en trouver qui acceptent de fournir des créneaux d’entraînement de hockey subaquatique à moindre coût, c’est comme s’il n’y en avait qu’une seule. “Ça a pris beaucoup de temps pour convaincre les piscines. Elles préféraient fournir des créneaux à des sports plus populaires.” regrette Antony. Malgré les difficultés Shanghai et Chengdu, ont permis au hockey subaquatique de se développer dans le pays, notamment grâce à Alice et Hugh, au club depuis 2013. Il se souvient. “On a rapidement été en mesure de former une équipe nationale. On a participé au tournoi d’Asie à Manille”. Grâce à leur visite à une exposition de plongée et à une tournée dans de nombreuses villes chinoises, les membres du club de Shanghai ont permis le développement du hockey dans le pays avec le recrutement de nombreux plongeurs. Ce processus a été facilité par l’arrivée d’expatriés expérimentés dans le sport comme Nate Norberg, joueur américain, coach de l’équipe de Beijing. Avec la création de plusieurs nouveaux clubs, le désir de compétitions des joueurs a, logiquement, été décuplé.
De la China Cup aux championnats nationaux
En 2015 le hockey subaquatique chinois a pris une nouvelle ampleur avec la création de la China Cup. A l’initiative, Chris Liang, joueur dans le club de Beijing depuis seulement quelques mois. Accompagné de ses anciens amis du club de plongée, il a démarché les piscines pour organiser la première compétition nationale dans l’empire du milieu. “J’ai fait presque toutes les piscines de Beijing, parlé aux responsables mais personne n’a accepté. Ils demandaient beaucoup d’argent”. Finalement, après des semaines de recherche infructueuses, Chris réussit à trouver une piscine en banlieue de Beijing. Ainsi les 9 et 10 mai 2015, se déroule la toute première China Cup.
Pour aider à l’organisation, les Chinois ont pu compter sur l’aide de leurs grands-frères singapouriens pour leur fournir des arbitres. “Ils étaient très motivés à l’idée d’apprendre les règles. Maintenant ils peuvent s’arbitrer eux-mêmes” se félicite Alice Chong. La première China Cup a réuni dix équipes de sept endroits différents. Depuis, le tournoi est devenu annuel jusqu’à 2019 où il a été remplacé par les championnats nationaux. “Après la quatrième China Cup, le gouvernement a commencé à s’intéresser au sport et a pris en charge les compétitions.” ajoute Chris. La fédération chinoise a créé les premiers championnats nationaux officiels basés sur les villes. S’il y a plusieurs clubs dans une ville, ce qui est le cas dans la majorité des cas, ils s’affrontent pour déterminer qui la représentera.
Le championnat de Chine se déroule en une journée par an et regroupe une vingtaine d’équipes. On y retrouve les clubs historiques comme Chengdu, Beijing et Shanghai souvent aux premiers rangs.
Un avenir au sommet ?
Le hockey subaquatique chinois est encore en phase de développement. Si la sélection devait déjà participer aux mondiaux 2020, certains joueurs ainsi que l’équipe junior ont déjà pu engranger de l’expérience internationale en participant aux championnats nationaux australiens.
Tous attendent de disputer leur premier championnat du monde. Un évènement qui pourrait bien faire prendre une nouvelle dimension au hockey sub’ dans le pays. “Une fois que le gouvernement verra que notre équipe participe au championnat du monde, on aura davantage de ressources. Il y a des piscines qui appartiennent au gouvernement, ils pourraient aider à fournir des créneaux gratuits pour les hockeyeurs” espère Hugh.
En plus de cette participation aux mondiaux, les chinois auront peut être bientôt la possibilité de disputer les Asian Games, possibles successeurs des SEA Games. Ce qui est sûr, c’est qu’Alice attend ses amis chinois de pied ferme. “J’espère qu’on sera dans différents groupes aux mondiaux pour qu’on se retrouve en finale !”