Comme dans tous les contes de fées, il y a une histoire d’amour. Une romance entre un sport et sa pratiquante. Depuis 30 ans, Nathalie écume les bassins de France et du monde, inlassablement. Voici le récit de l’une des grandes figures du hockey subaquatique français : Nathalie Mathieu.
Seize ans et elle baignait déjà dedans. C’est à l’adolescence que cette ancienne nageuse découvre le sport qui rythme sa vie depuis une trentaine d’années. Une histoire d’amour qui lui a permis de rencontrer le père de ses trois garçons, désormais tous joueurs ou anciens joueurs de hockey sub’. Malheureusement, chaque idylle connaît des moments difficiles. D’abord licenciée à Pontoise, avec qui elle a été championne de France de 1992 à 2008, Nathalie a finalement rejoint son mari dans le club rival du Chesnay après une brouille avec certains membres de sa famille, adhérents au CHSPC. Si gérer cette rivalité interclub a été difficile au début, elle s’est finalement bien épanouie au sein de sa nouvelle équipe. “J’y ai retrouvé une deuxième famille où je me sens très bien.” Elle a participé à des centaines de matchs avec son second club, mais l’un d’entre eux l’a particulièrement marqué. Lors des championnats de France 2004 à Rennes et d’un match face à Fontenay, une coupure de courant a plongé les joueurs dans le noir complet. “Ça a duré au moins 10 minutes, c’était vraiment très long.” Régulièrement sur les podiums nationaux avec son deuxième club, Nathalie n’a jamais réussi à acquérir le titre suprême. “C’est un de mes deux gros objectifs, d’autant plus que l’on est pas passé loin l’année dernière” (2019). Son autre objectif ? Conserver le titre de championne du monde Masters avec ses copines de l’équipe de France.
“Il m’a fallu plusieurs mois pour rebondir”
Arrivée en équipe de France Elite en 1991, Nathalie n’avait jamais réussi à obtenir le graal mondial malgré de beaux parcours et une médaille de bronze aux championnats de 1996 et 2006. Une première pour le hockey sub’ féminin français à l’époque. C’est aux championnats du monde 2008 à Durban qu’elle a connu son plus grand regret. Alors que l’équipe de France avait terminé première ex-aequo du Round Robin avec une superbe qualité de jeu, son parcours a été stoppé dès les quarts de finale. Un véritable traumatisme pour Nathalie pour qui ce match reste, pour l’instant, le plus gros point noir de sa carrière. “Il m’a fallu plusieurs mois pour rebondir”. Heureusement, elle a pu compenser cette déception par la plus belle des joies peu de temps après avec la naissance de son troisième enfant. Finalement, 10 ans plus tard, après 30 ans à s’absenter au moins trois soirs par semaine, à jouer au hockey plutôt que de rester tranquillement chez soi avec sa famille, elle a enfin obtenu la récompense ultime d’une carrière. Avec les Masters, Nathalie a décroché son premier titre mondial au Canada. La rédemption était complète, “Québec c’était l’apothéose ! On n’a pas flanché du début à la fin de la compétition.” Après avoir triomphé sur la scène mondiale en tant que joueuse, reste encore à vaincre en tant que coach.
“Je suis assez maman-poule mais je reste très exigeante”
Nathalie entraîne les jeunes du Chesnay depuis une dizaine d’années et a mis son expérience au service de la sélection nationale U19 féminine aux côtés de Laurent Giacomello depuis 2019. “Je suis assez maman-poule avec mes joueuses, mais je reste très exigeante.” Exigeante même avec ses propres enfants car, si son fils aîné était en âge de participer au stage du groupe France avec les garçons, Nathalie a jugé préférable de ne pas le pousser dans cette voie.
Aux mondiaux de Sheffield, Nathalie a obtenu une belle médaille de bronze. Elle admet pourtant avoir beaucoup douté en début de compétition, notamment après leur première défaite face à la Colombie, 8-2. “Je me suis dis que la compétition allait être longue”.
Les Françaises ont retrouvé les Colombiennes en demi-finale où elles se sont inclinées au terme d’un match très disputé. Pour Nathalie, c’est le refus d’un but aux Bleues qui a fait basculer le match. Une situation que Nathalie admet ne pas avoir su gérer. “C’était une faute de notre part à Laurent et moi. On ne s’est pas rendus compte de ce que ça pouvait entraîner. ” Malgré la médaille de bronze acquise face aux Anglaises, la coach ne peut s’empêcher de nourrir des regrets. “Même si ça reste une très belle performance, je me dis qu’on a raté la finale.” Avec son expérience au haut niveau que cela soit en tant que joueuse ou en tant que coach, Nathalie est un témoin de choix pour évoquer les évolutions qu’a connues le hockey subaquatique depuis ses débuts.
“C’était un sport de bourrin”
Le hockey sub’ a bien évolué depuis trois décennies. Les crosses sont passées du bois à la résine, les gants s’affinent, les palmes se font en fibre et en carbone en plus du plastique. Toutes ces innovations technologiques, accompagnées d’une ouverture sur le monde grâce aux réseaux sociaux, ont permis au jeu d’être plus aéré, moins brouillon. “Quand j’ai débuté, c’était beaucoup de tout droit, il y avait peu de gestes techniques. C’était un sport de bourrin.” Pour Nathalie, cette évolution s’explique aussi par l’inspiration puisée dans les pays de l’hémisphère sud comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande où le jeu était beaucoup plus fluide. L’essor des réseaux sociaux a également popularisé la pratique du hockey subaquatique, notamment grâce à la jeune génération qui fait vivre son quotidien de joueur sur leur page Facebook ou Instagram. “Mes proches posent plus de questions et s’intéressent davantage au sport car ils en voient de plus en plus.”
Nathalie est une passionnée de son sport, celui avec qui elle vit depuis plus de 30 ans maintenant. Insatiable et en perpétuel apprentissage, les bassins ne sont pas prêts de la voir s’arrêter de nager et de coacher.
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